Voici l’espèce la plus ancienne du règne végétal. En effet, il s’agit, comme disait Darwin d’un véritable « fossile vivant ». Il fait partie d’un groupe végétal qui se développa au Carbonifère, à la grande époque des prêles géantes, il y a de cela 200 à 250 millions d’années.
Il a aussi l’avantage d’être un arbre qui peut vieillir durant des millénaires. Il allie donc la longévité de l’espèce ainsi que celle de l’individu. Les exemples abondent afin de démontrer l’inextinguible résistance du ginkgo : aucun insecte ne se nourrit de ses feuilles et de ses fruits, il résiste contre les champignons, il supporte pollution atmosphérique et pollution du sol. Un ginkgo calciné lors de l’explosion atomique à Hiroshima le 6 août 1945 produisit une pousse le printemps suivant !
La persistance du ginkgo peut aussi s’expliquer par la durée de sa période de reproduction bien qu’il devienne sexuellement mûr entre 40 et 70 ans. Il est, à ce titre, une curiosité botanique. Il ne produit ni fleur, ni fruit, ni graine. Ce que l’on considère comme étant le fruit du ginkgo n’est autre qu’un énorme ovule qui sera fécondé ou pas, si un arbre mâle traîne par-là. À l’instar d’un animal ovipare, le ginkgo pond des œufs ! Il se singularise donc des plantes vivipares sur ce point.
Aussi, cet arbre sacré planté à proximité des temples et des pagodes asiatiques a-t-il fait montre de sa capacité à traverser les âges.
On leurs préfère les pluies d’or automnales ; en effet, la frondaison jaune beurre chute sur une très courte période et met en évidence l’origine d’un des surnoms du ginkgo, l’arbre aux 1 000 écus, bien qu’il y ait là surenchère en ce qui concerne le nombre d’écus qu’on estime à 40 ! Cette appellation est directement liée à l’arrivée du ginkgo en Europe au XVIIIe siècle. Après être passé par la Hollande et l’Angleterre, le ginkgo pose ses racines sur le sol français dans les années 1770. Le premier ginkgo planté en France (1778) se trouve à Montpellier, 3 rue du Carré du Roi, c’est donc encore un tout jeune arbre.
C’est, bien évidemment la médecine chinoise qui s’intéressa la première aux vertus thérapeutiques du ginkgo. C’est Chen Nong qui le décrivit comme stimulant circulatoire 2 700 ans av. JC.
À son arrivée en Europe, Linné en fit une description détaillée et Goethe venta ses feuilles bilobées dans un poème et en fit pousser dans son jardin.
Ce n’est qu’au début du XXe siècle, qu’on amorça les recherches pharmacologiques. En 1936, un médecin hongrois, Szent Györgyi, mit en évidence la présence et le rôle des fameux flavonoïdes contenus dans les feuilles du ginkgo.
Depuis, on a multiplié les applications thérapeutiques, à tel point que cet arbre primitif offre des espoirs dans le traitement de la maladie d’Alzheimer.
Cet arbre caducifolié est originaire des forêts de Chine centrale où il s’y épanouit entre 400 et 1 200 m d’altitude. Il nécessite un climat humide sans toutefois supporter des températures inférieures à 2°C durant la saison froide. Les sols riches, sableux et bien exposés lui vont à ravir.
Si on utilise encore les graines en Asie, ce sont surtout les feuilles qui intéressent la pharmacopée occidentale. Le ginkgo a une action générale sur le système sanguin (favorise la microcirculation, veinotonique, vasodilatateur, fluidifiant sanguin, etc.). Ainsi donc, il intervient sur les troubles d’origine vasculaire et veineuse suivants : insuffisance veineuse des membres inférieurs, artérite des membres inférieurs, varices et œdèmes des membres inférieurs, hémorroïdes, déficit de la circulation artérielle cérébrale et périphérique. Dans ce dernier cas, le ginkgo a donc une incidence sur la mémoire, la concentration, les réflexes, la vigilance et l’humeur
Étant antioxydant, le ginkgo lutte contre le vieillissement cellulaire (le ginkgo fait l'objet d'études sur la prévention du vieillissement. Il pourrait protéger des radicaux libres nos centrales énergétiques cellulaires, les mitochondries).
La plante peut être associée à d’autres veinotoniques comme le fragon, la vigne rouge et le marronnier d’Inde en ce qui concerne la circulation veineuse. Quant à son action sur la concentration et la mémoire, on peut l’associer à la petite pervenche.
Mode d'action connu ou présumé :
Le ginkgo biloba est inscrit à la Pharmacopée française liste A (feuille).
Un extrait standardisé en flavonoïdes (24%) et en ginkgolides-bilobalides (6%) issu des feuilles de ginkgo biloba a bénéficié de plusieurs dizaines d’essais chez l’homme qui ont amené à le proposer dans l’insuffisance fonctionnelle cérébrale du sujet âgé caractérisée par l’existence de troubles cognitifs (mémoire, concentration, attention) et de l’humeur, de céphalées, de perte d’énergie. Les spécialités qui le contiennent sont proposées par voie orale comme traitement correcteur des symptômes du déficit intellectuel du sujet âgé, dans certains syndromes vertigineux et/ acouphènes, dans certaines baisses de l’acuité auditive et dans les déficits rétiniens d’origine ischémique présumée. Elles sont également indiquées dans le traitement symptomatique de la claudication intermittente des artériopathies chroniques oblitérantes des membres inférieurs au stade II. Le ginkgo est présent dans des spécialités indiquées dans le traitement des symptômes en relation avec une insuffisance veinolymphatique et/ou dans la crise hémorroïdaire.
Pour l’OMS et la Commission E allemande, l’usage des extraits de feuille de ginkgo est cliniquement prouvé, comme traitement adjuvant des symptômes, pour traiter symptomatiquement des déficits cérébraux légers à modérés liés à la démence sénile d’origine vasculaire dégénérative, dont elles décrivent les manifestations.
Selon l’EMA, l’usage du ginkgo biloba est cliniquement bien établi pour améliorer la déficience cognitive (liée à l’âge) et la qualité de vie dans les cas de démence légère. L’agence européenne rajoute que la plante s’utilise traditionnellement pour soulager la lourdeur des jambes et de la sensation de mains et de pieds froids associés à des troubles circulatoires mineurs, après qu’une affection grave ait été éliminée par un médecin. L’extrait normalisé de feuilles de ginkgo biloba a été inclus dans les recommandations pour le traitement de la maladie d’Alzheimer par la Fédération mondiale des sociétés de psychiatrie biologique (WFSBP).
Le ginkgo biloba fait l’objet de tant de travaux qu’il est impossible de les citer tous. C’est l’une des plantes les plus étudiées, une de celles qui bénéficient du niveau de preuve le plus élevé. Alors que chaque année la connaissance progresse, s’agissant de son mode d’action complexe et complet au niveau neuro-vasculaire, et concernant aussi ses propriétés protectrices du tissu conjonctif (inhibition des métallo-enzymes MPP, modulation des protéoglycanes, régulation de la sécrétion de certaines cytokines pro-inflammatoires), de nouvelles propriétés lui sont régulièrement attribuées.
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