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Nard de l' Himalaya Nardostachys Jatamansi

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Quelles sont les caractéristiques du Nard de l'Himalaya ?

Dénomination latine :

  • Nardostachys jatamansi

Famille botanique :

  • Valerianaceae

Organes producteurs :

  • Rhizomes et racines (la plante élabore son essence dans les cellules situées sous l'écorce de la racine)

Un peu d'histoire :

Cette plante, et surtout son huile essentielle furent très utilisées depuis l'Antiquité à des fins rituelles, médicinales ou encore cosmétiques.

Hébreux et Romains s'en servaient pour consacrer leurs prêtres ou bénir les sépultures.

On relate même que pour recevoir leurs hôtes, les maîtres des maisons fortunées brisaient le sceau d'un flacon d'albâtre qui contenait du nard, pour asperger de ce parfum précieux leurs invités de marque, après les avoir couronnés de fleurs !

Originaire de l'Himalaya, le nard est considéré comme une plante sacrée au pays du « Toit du monde ». S'il est utilisé depuis des millénaires dans la médecine ayurvédique et népalaise, le nard est aussi employé dans les rites et les cérémonies spirituelles. Mentionné dans les textes anciens, il est l'un des plus vieux parfums du monde. On raconte d'ailleurs que Marie-Madeleine lava les pieds de Jésus avec l'essence de nard.

Les nards sont à rapprocher des valérianes de nos contrées. C’est le nom commun à plusieurs espèces odoriférantes : le nard celtique des Romains, le nard syrien, enfin le nard indien (Nardostachys jatamansi) ou jatamansi, celui des parfumeurs, encore appelé le nard de l’Himalaya.

Pline dans son Histoire naturelle décrit douze espèces de nard utilisées au cours de rituels religieux ou pour les embaumements.

On retrouve le nard chez Horace :

Un petit flacon de nard fera sortir une de ces amphores qui reposent maintenant dans les greniers de Suspicius, et qui ont la vertu de verser l’espérance à grands flots et de dissiper les amers soucis.

Si ces plaisirs te sourient, hâte-toi d’accourir, ton flacon à la main.

Je ne prétends pas d’abreuver de mes vins, comme le riche possesseur d’une maison opulente, sans rien en échange.

Hâte-toi, et trêve à l’avarice ; songe, tandis que tu le peux, au bûcher funèbre, et mêle à la sagesse un peu de folie : il est des moments où déraisonner est si doux !

Le texte fait référence à ces vins épicés dont les Romains rehaussaient le goût. On perd ainsi un peu de précieux épices, mais on gagne une amphore délicatement parfumée.

On sait que l'utilisation du nard est très ancienne, d'une part car elle fait partie intégrante de la tradition ayurvédique indienne, et d'autre part parce qu'elle était considérée dans l'Égypte ancienne, au Moyen-Orient et dans la Rome antique comme un parfum de luxe. De nombreux textes anciens considèrent le nard comme un produit de grande valeur, monétaire comme spirituelle. Il était utilisé dans de nombreux rites religieux, en partie pour ses effets sédatifs et narcotiques.

On en trouve quelques occurrences dans la Bible, mais aussi sur les dentifrices préférés de l'impératrice Messaline, dont ceux contenant du nard pour améliorer l'haleine.

Flaubert le cite dans Salammbô : « Il y avait, au milieu de la terrasse, un petit lit d'ivoire (...) et dans les quatre coins s'élevaient quatre longues cassolettes remplies de nard, d'encens, de cinnamome et de myrrhe. »

Encore de nos jours, le nard semble aussi mystérieux que celui qui fut souvent nommé ainsi durant bonne partie de l’Antiquité. En réalité, le latin nardus est un terme générique regroupant différentes plantes odorantes et réputées en parfumerie, comme le souligne le suffixe –ar qui signifie « odeur ». Et, parmi ces nards, certains n’en sont pas : subsistent encore dans les glossaires botaniques des plantes à qui l’on a attribué, pour une raison ou pour une autre, le mot « nard », sans que ces plantes aient, pour certaines d’entre elles, un quelconque rapport avec le nard de l’Himalaya qui, rappelons-le, appartient à la famille des Valérianacées.

C’est ainsi que nous croisons le faux nard (= ail victorial, Allium victorialis), le nard sauvage (= asaret, Asarum europaeum), le nard de Lobel (= arnica, Arnica montana), le nard d’Italie (= lavande vraie, Lavandula vera), qui ont, cependant, tous en commun de posséder une forte odeur. En revanche, il se trouve que le nard de montagne (= grande valériane, Valeriana phu), le nard champêtre (= valériane dioïque, Valeriana dioica) et le nard celtique (= Valeriana celtica) appartiennent bel et bien à la famille de la valériane officinale.

Bien évidemment, de l’une à l’autre de ces plantes, les localisations géographiques changent : s’il est clair que le nard de l’Himalaya pousse à hautes altitudes (3500 à 5500 m) sur les contreforts montagneux de l’Inde, du Népal et du Tibet, il peut être plus complexe de localiser l’aire de répartition exacte du nard celtique : aux pays « celtes » ? En quelque sorte, puisqu’il trouve son origine, également en altitude, dans les Alpes : cette petite valériane sauvage est devenu rarissime du fait de son parfum recherché, responsable non seulement de son succès, mais aussi de sa disparition progressive : « Dioscoride [Materia medica, Livre I, chapitre 7] décrit sa récolte, sa préparation et ses usages médicaux. On l’exportait en masse vers l’Orient, toujours avide de parfums. Au XVI ème siècle, on en expédiait des sacs vers la Syrie et l’Égypte […]. Tout cela n’est plus qu’un souvenir » ma foi fort persistant, à l’image du parfum prononcé du nard, car aujourd’hui encore, on appelle, comme du temps de Dioscoride, cette petite valériane du nom de nard celtique.

Le même Dioscoride, dans le chapitre qui précède (chapitre 6), évoque un autre nardus : la lecture de ce passage, quelque peu confondante, mélange plusieurs « nards », dont l’un proviendrait du sous-continent indien, l’autre de Syrie, etc. Pline l’ancien décrit ainsi l’un de ces nards dans son Histoire naturelle : « Le nard est un arbrisseau à racine pesante et grosse, mais courte et noire, fragile malgré sa contexture huileuse, d’odeur fétide comme celle du souchet, de saveur âpre, à petites feuilles serrées. Le nard se reconnaît à sa légèreté, à sa couleur rousse, à sa saveur agréable, mais très astringente. »

Ceci est une description assez satisfaisante de Nardostachys jatamansi, même s’il est permis de douter que Pline se soit rendu aux confins de l’Inde et du Tibet, à une altitude moyenne de 4000 m, afin de nous en rapporter le descriptif précis, d’autant qu’il énonce qu’il en existerait une douzaine d’espèces dont on nous dit simplement qu’elles sont d’origine « exotique ». Ce mot ne doit bien évidemment pas être considéré comme synonyme de tropical, mais au sens de non-indigène, c’est-à-dire extérieur au monde connu, l’empire romain d’alors, ce qui peut représenter bien des territoires. Ainsi, quel est ce « nard assyrien » auquel Horace fait référence dans ses Odes ? Ou bien ce « nard odorant » originaire de cette région semi-désertique qu’est le Makran qu’évoque Arrien dans L’Anabase ?

L’identification du nard, comme nous le constatons, demeure malaisée, d’autant plus que lors de l’Antiquité gréco-romaine l’on va jusqu’à imaginer que la racine du nard n’est pas d’origine végétale mais animale, eu égard au fait qu’elle ressemble à « la queue d’un animal à cause de sa forme allongée et de ses petites radicelles bouclées », mais également de son odeur, que d’aucuns, durant l’Antiquité, comparèrent à celle du bouc, odeur prégnante s’il en est.

« L’haleine embaumé du parfum régnera sur ta chevelure », lit-on dans l’Anthologie palatine. « Les effluves d’une chevelure imprégnée de nard… », conte le poète Martial (Épigrammes) : la résistance, cette trace qui perdure dans le temps, c’est ce qui est tout à fait conforme au caractère de cette matière qu’en parfumerie on classe parmi les notes de fond, c’est-à-dire ce qui reste d’un parfum après que les notes de tête et de cœur se soient évanouies.

Précisons, avant de poursuivre, que Théophraste, puis Ovide à sa suite, situèrent l’origine du nard à la partie nord de l’Inde, ce qui est parfaitement exact. Le Grec et le Romain tombent donc d’accord : est-ce, pour autant, un nard asiatique dont se servaient les anciens Romains pour bénir leurs sépultures ? De même, le flacon de nard, qu’avec la couronne de fleurs, l’on offre à ses hôtes, provient-il de l’Inde ou bien s’agit-il là de nard celtique (que, par abus de langage, l’on appelle aussi nard gaulois) ? Difficile à préciser. Il reste néanmoins que ces deux nards, issus des cimes montagneuses et neigeuses, d’émanation divine car il est entendu que les hautes montagnes sont des dieux les demeures, possèdent chacun un parfum si caractéristique, si précieux aussi, que cette substance est chantée jusque dans Le Cantique des cantiques : « Tandis que le roi est en son enclos, mon nard donne son parfum […] Tu es les plus rares essences : le nard et le safran, avec les plus fins arômes » (selon les traductions de ce passage, il n’est pas question de nard mais d’aspic en lieu et place).

Quand on sait à quel point des substances comme le nard et le safran sont rares, on comprend leur propension à être falsifiées. Aussi, ne s’étonnera-t-on point, une fois de plus, de la difficulté qui consiste à exactement identifier ce « nard », sans compter que l’essence de nard était si précieuse et onéreuse que son nom « a fini par désigner le parfum de luxe par excellence », et ce qu’il contienne ou pas du nard. Est-ce donc le nard de l’Himalaya qu’utilisa Marie de Béthanie afin d’en oindre les pieds du Christ ? C’est la question que l’on peut se poser à la lecture de l’évangile selon saint Jean (12 : 3). En revanche, ce que l’on nous y explique, c’est que ce nard était considéré comme pistikè, autrement dit authentique. Considérons qu’il s’agit là du nard de l’Himalaya.

Selon des conditions climatiques plus ou moins propices, la taille de cette plante varie de quelques centimètres de hauteur à quelques dizaines. Ses tiges, passablement velues, portent à leur base des feuilles entières, lancéolées, aux nervures presque parallèles et s’ornent de cymes florales dont la couleur rappelle assez celle du chakra de la couronne (violacée), tandis que, logée sous la terre, la plus grosse partie du nard de l’Himalaya, autrement dit ses rhizomes, évoque par sa teinte celle du chakra de la racine. C’est là une signature physique. Elle ne serait pas aussi intéressante si elle ne faisait pas écho à une autre signature : en effet, pour peu qu’on se penche sur les couleurs de l’aura de l’huile essentielle de nard de l’Himalaya, on peut être étonnamment surpris de constater qu’elles sont au nombre de deux : le rouge… et le violet ! Elle permet donc une connexion aux racines de la Terre, mais aussi à celles du Ciel.

Les chrétiens ont fait du nard un symbole d’humilité. Son parfum, à la fois dense et léger, évoque non sans peine l’odeur d’humus et de tourbe en décomposition, issus de la détérioration de ce que peut compter la litière d’une forêt de feuilles, de branches mortes et brindilles, d’autres débris, aussi bien végétaux qu’animaux. Il représente la terre noire, riche, organique, un peu grasse, quelque peu amère, mais sans froideur, avec juste ce qu’il faut d’épicé et de boisé. Ce qui ne veut pas dire qu’il symbolise les profondeurs souterraines, non : si on l’a dit humble, c’est parce que le nard se situe près de la terre, humilis en latin, qui véhicule un sens assez proche du mot humus. Dire que le nard est fait d’humilité permet de renforcer celle du Christ. Oublions le caractère précieux du nard, considérons seulement son caractère royal et sacré au sens noble, et l’on comprendra mieux cette symbolique.

La lecture d’un nouvel extrait de l’évangile selon saint Jean peut y aider : « Judas l’Iscariote, l’un des disciples, celui qui allait le livrer, dit : ‘Pourquoi ce parfum n’a-t-il pas été vendu 300 deniers qu’on aurait donnés à des pauvres ?’ Mais il dit cela non pas par souci des pauvres, mais parce qu’il était voleur et que, tenant la bourse, il dérobait ce qu’on y mettait. Jésus dit alors : ‘Laisse-la, c’est pour le jour de ma sépulture qu’elle devait garder ce parfum. Les pauvres, en effet, vous les aurez toujours avec vous, mais moi, vous ne m’aurez pas toujours’».

Le nard faisait partie des huiles royales employées par les Hébreux afin de consacrer les rois et les prêtres. Il était censé favoriser l’émergence du sentiment de l’Un, la prise de conscience de l’existence d’un Grand Tout, ainsi que l’appréhension du caractère fractal de l’existence : découvrir et comprendre la présence du divin dans le Monde (macrocosme), ainsi que dans notre monde intérieur et personnel (microcosme). Comme souligné par Jutta Lenze, « il représente la ligne de démarcation entre mondes matériel et immatériel, entre la mort et la décomposition afin de pouvoir générer de nouvelles potentialités ». Cette complexité, à l’image du parfum de l’huile essentielle de nard de l’Himalaya (qui n’est pas de ceux qu’on place entre des narines non averties) s’exprime par la capacité qui est sienne de fixer et de renforcer les autres odeurs, bien qu’on ne puisse par la considérer comme huile d’ancrage à la terre seulement du fait qu’une grande quantité de ses molécules possèdent des vibrations très élevées, puisque, comme nous l’avons dit, l’une des couleurs de l’aura de cette huile essentielle, qui appelle le chakra de la couronne, se trouve être le violet, couleur qui vibre plus rapidement que le rouge.

Au Moyen-Âge, Odon de Meung, plus connu sous le nom d’emprunt de Macer Floridus, rédige une monographie qu’on trouve dans le De viribus herbarum, contenant des références non pas à une seule plante mais à deux : d’une part le nard dit indien, d’autre part le nard celtique dont Macer dit simplement que ses propriétés sont identiques mais moins puissantes. Comme de coutume, il reprend les écrits des anciens de l’Antiquité desquels émergent les données qui suivent : ce nard indien serait un remède des affections hépatiques, vésico-rénales et gastro-intestinales. De plus, l’on dit ce nard emménagogue, intervenant pour faciliter les règles, désobstruer la matrice, réguler les ménorragies. Cardiaque, il calme les palpitations. Une vertu aphrodisiaque lui était conférée par Macer Floridus