Le mot « ravintsara » signifie « bonne feuille » en malgache (Ravina = Feuille, Tsara = Bonne). Le ravintsara est une variété de camphrier (cinnamomum camphora) acclimatée à Madagascar et à l’île de la Réunion; sa spécificité réside dans le fait qu’à Madagascar (et à la Réunion), ce camphrier…ne produit pas de camphre ! Elle produit en revanche du 1,8-cinéole (eucalyptol), qui lui donnera sa spécificité biochimique (ou chémotype), on l’appellera donc Cinnamomum camphora ct 1,8 cinéole.
Il existe d’autres spécificités biochimiques pour le cinnamomum camphora, mais l’on n’a plus affaire au ravintsara dans ce cas-là, par exemple : cinnamomum camphora ct linalol : Il s’agit du Bois de Hô ou Camphrier du Japon.
Il est originaire d’Asie, plus particulièrement de Chine, du Japon et du Vietnam. On le trouve aujourd’hui principalement sur l’île de Madagascar où il a été introduit au cours du XIXème siècle. Il s’est également acclimaté en Australie, en Afrique du Sud, aux États-Unis (en Californie) et un peu en Europe et au Maghreb.
Au début du XXe siècle, le développement de l’industrie du celluloïd (matière plastique composée de camphre) a poussé de nombreux pays à cultiver le camphrier de Madagascar avec succès afin d’en extraire le camphre (Algérie, Inde, Sri Lanka, Etats-Unis, Sud-Est de l’Asie…).
La teneur et la composition chimique des huiles essentielles varient selon le lieu de culture, la saison de récolte et le taux d’ensoleillement auquel l’arbre a été exposé.
Ainsi, l’huile essentielle extraite du camphrier de Madagascar sera différente selon le pays de provenance : celle de Madagascar est riche en cinéole et exempte de camphre, c’est l’huile essentielle de Ravintsara. Celle de Chine est l’huile essentielle de bois de Hô riche en linalol, et celle du Vietnam et du Japon est l’huile essentielle de camphrier riche en camphre.
L’huile essentielle de Ravintsara est extraite par distillation à la vapeur d’eau des feuilles fraichement cueillies. Celles-ci sont récoltées à la main et pour éviter toute macération, l’extraction sera effectuée le jour de la cueillette ou le lendemain au plus tard.
Entre le XVIe et le XVIIe siècle, le Camphrier de Chine est importé d’Asie jusqu’à Madagascar. À l’origine, cette espèce contient une grande concentration de camphre mais sa composition chimique va évoluer sur le sol malgache. Lors de son implantation dans les hauteurs de Madagascar, la plante mute et ne contient pratiquement plus de camphre mais elle s’enrichit en une autre molécule, le 1.8 cinéole. Ce qui donne naissance au Ravintsara.
C’est dans « Histoire de la grande Isle Madagascar » qu’on mentionne pour la première fois les propriétés de cette plante. On la décrit comme miraculeuse, capable de guérir toutes sortes de maladies et d’infections.
Ce n’est qu’en 1775 que l’huile essentielle de Ravintsara sera extraite pour la première fois par le pharmacien et chimiste Antoine Baumé puis quelques années plus tard, le botaniste Pierre Boiteau étudie et décrit ses effets thérapeutiques.
Le Ravintsara est souvent confondu avec une espèce endémique de Madagascar, le Ravensara aromatica dont la composition et les propriétés sont différentes.
À Madagascar, il existe près de 12 000 espèces végétales qu’on ne trouve nulle part ailleurs sur la surface du globe. Qu’était-il donc besoin d’y implanter le camphrier, un arbre originaire d’Asie ?
Très souvent, l’Homme introduit telle ou telle espèce animale ou végétale, dans telle ou telle contrée, par volonté comme par ignorance, à des époques où on ne soucie pas encore d’écologie. Qu’on se remémore le cas du cerf en Nouvelle-Zélande, du lapin en Australie ou du rat sur les Îles Kerguelen. Mais aussi la renouée du Japon dont le but premier était ornemental, ainsi que tant d’autres plantes dites invasives et néfastes pour le biotope dans lequel elles s’installent, car beaucoup trop frondeuses pour que les espèces endémiques puissent rapidement s’y opposer sinon s’y acclimater.
Parfois, l’Homme trouve moyen de corriger son erreur originel (enfin, celle de ses ancêtres). Ainsi, la viande de cerf néo-zélandais est-elle exportée un peu partout dans le monde. À d’autres, on ajoute une nouvelle erreur qu’on pense susceptible de corriger la première. L’introduction du renard en Australie afin de venir à bout des lapins est à ce titre exemplaire et tragique. En France, nous ne savons pas encore quoi faire de la renouée du Japon, plante médicinale dans son pays d’origine, pour la seule et bonne raison qu’elle pousse assez souvent dans des lieux pollués.
En revanche, ce que ne surent certainement pas les personnes qui introduisirent le camphrier asiatique à Madagascar, c’est que cet arbre nous a offert un miracle : ravintsara.