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Sarriette des montagnes Satureja montana

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Nos marques Sarriette des montagnes Satureja montana

Quelles sont les caractéristiques de la Sarriette des Montagnes ?

Dénomination latine :

  • Satureja montana

Famille botanique :

  • Lamiaceae

Organe producteur :

  • Rameaux fleuri

Mode d'action connu ou présumé :

  • Thymol et carvacrol sont bactériostatiques et bactéricides vis-à-vis d’Escherichia coli
  • Action bactéricide par effet solubilisant de la membrane plasmique

Un peu d'histoire :

La sarriette des montagnes, vivace et sauvage, et "les" sarriettes en général, sont connues et/ou cultivées depuis l'Antiquité, notamment en Italie. La réputation aphrodisiaque de la sarriette remonte à l'Antiquité, les Romains en faisant grand usage pendant leurs repas "orgiaques", pour sa double propriété : faciliter la digestion des aliments "lourds" et stimuler la sexualité.

En médecine populaire européenne, elle est toujours réputée traiter les dysfonctionnements sexuels de l'homme. 

Valnet (XXe siècle) la recommande par voie orale dans les insuffisances digestives, les douleurs abdominales et dans les asthénies intellectuelles et sexuelles, ainsi qu'en application sur les piqûres d'insectes et les plaies. La sarriette est aussi un aromate culinaire ajouté, notamment, dans certains fromages. Déjà utilisée par Dioscoride et Galien en tant que plante “chaude et sèche”.

"L'herbe du bonheur", comme on la surnommait dans la mythologie grecque, aurait été offerte au satyre Anos par Dionysos. En panne de vigueur sexuelle, Anos se désolait de son manque de popularité auprès des déesses du Mont Olympe. Dionysos, qui ne souhaitait pas voir le métier de satyre déshonoré, lui offrit ainsi de la sarriette. 

La sarriette fut ensuite reconnue au début de notre ère par les médecins et botanistes grecs (Dioscoride, Galien) pour ses propriétés médicinales.

Au Moyen Age, elle fut écartée de la pharmacologie, car considérée comme plante du Diable en raison de ses propriétés aphrodisiaques. Elle fut cependant réhabilitée par une bénédictine, sainte Hildegarde, qui vanta ses vertus stimulantes, digestives dans son traité de médecine Causae et Curae. 

Elle fait partie des plantes dont la culture est recommandée dans les domaines royaux par Charlemagne dans le capitulaire De Villis (fin du VIIIe ou début du IXe siècle).

Les Romains et les Grecs l'appréciaient aussi énormément car elle était, bien avant l'arrivée du poivre et du piment, un des condiments les plus relevés en cuisine.

Les Provençaux, dans la cuisine desquels elle est devenue indispensable, la nomme d'ailleurs "poivre d'âne".

Plus tard elle entra dans la composition de la célèbre « eau d’Arquebusade », vulnéraire très usité dans la médecine populaire.

Avant la description de la plante donnée par naturaliste latin Pline l'ancien et médecin grec Dioscoride (surnommé "Pedanius" chez les Romains) – tous deux comtemporains de l'empereur Néron, les archéologues ont retrouvé de la sarriette dans plusieurs tombeaux de l'époque pharaonique. Bien moins qu'aphrodisiaque, les Egyptiens devaient la considérer comme un ingrédient utile des techniques d'embaumement. 

Les poète latins (VirgileOvideMartial) ont chanté la gloire de la sarriette. Je vous cite quelques vers de Marcus Valerius Martialis (43 – 104), qui prête ces propose à la muse Erato. On ne peut pas dire que cette muse de la poésie érotique ménage fort le présumé infâme Lupercus.

"Depuis longtemps, Lupercus, ta mentule est sans force. Cependant, comme un insensé, tu mets tout en oeuvre pour lui rendre sa vigueur. Mais les roquettes, les bulbes aphrodisiaques, la stimulante sarriette ne te sont du moindre secours. Tu t'es mis à corrompre, à force d'argent, des bouches pures. Ce moyen ne réveille pas davantage en toi de lubriques sensations. N'est-il pas étonnant, tout à fait incroyable, qu'il t'en ait tant coûté, Lupercus, pour rester impuissant ?"

Dans la foulée des légions romaines, la sarriette a fait son apparition en Gaule, dans des régions où elle ne poussait pas spontanément.

À la fin du règne de l'empereur Charlemagne (748-814), l'importance de la sarriette ne devait pas être négligeable, puis qu'elle figure – sous le nom de satureiam – dans la liste des 94 plantes que le carolingien ordonne de cultiver dans les potagers de ses domaines et des monastères. (Ce capitulaire célèbre, de date incertaine, est connu sous le non de "De villis vel curtis imperiabilis". Il est regardé aujourd'hui comme une sorte de hit-parade des plantes médiévales au Moyen-âge.)

Parmi les sources classiques de l'histoire botanique, la sarriette est notamment évoquée dans un célèbre ouvrage intitulé : De viribus herbarum. Sous le nom d'auteur de Macer Floridus; personnage resté fort mystérieux que certains identifient avec Aemilius Macer, un poète didactique latin qui vivait au Ier siècle avant notre ère, d'autres avec l'évêque Odo de Meung, ou encore avec un moine anonyme du Mont Cassin, voire un savant herboriste de l'Ecole de médecine de Salerne au Moyen-âge. 

Peu importe finalement qui se cachait sous le pseudonyme de Macer Floridus. Voici les lignes qu'on lui attribue à propos de la sarriette :

"La sarriette, que les Grecs appellent θύμβρα est un peu siccative, mais possède une grande force de chaleur. Prise avec du vin, elle est diurétique, emménagogue, facilite l'expulsion du foetus mort dans la matrice, et précipite l'arrière faix. Réduite en poudre et cuite avec du miel, elle devient un aliment qui provoque l'expectoration des flegmes. Elle a la même vertu, administrée en boisson dans du vin. Prise en grande quantité avec du vin tiède, elle apaise les coliques, comme je l'ai souvent éprouvé. Il y a une maladie appelée léthargie, et que les médecins regardent comme le contraire de la frénésie, en ce que celle-ci tient le malade dans une perpétuelle insomnie, tandis que l'autre le plonge dans un sommeil profond. La sarriette, mêlée avec du vinaigre, est un excellent spécifique contre un si funeste engourdissement: il suffit d'en frotter à plusieurs reprises la tête de celui qui en est affecté. Les femmes enceintes doivent se garder de toucher cette herbe dont non seulement l'ingestion mais encore le contact peuvent les faire avorter. Broyée et mêlée avec un peu de vin, elle apaise la nausée. Elle produit le même effet prise dans un oeuf. Fraîche ou sèche, et convertie en breuvage, elle est mise au nombre des aphrodisiaques: mêlée avec du vin, du miel et du poivre, elle enflamme les sens d'ardeurs immodérées. C'est ce qui lui a fait donner le nom latin de "satureia", parce que les satyres sont très luxurieux. À défaut de thym, les médecins conseillent l'usage de la sarriette, parce que les deux plantes ont la même force."

Comme beaucoup d’autres plantes aromatiques, les feuilles et les fleurs de la sarriette dégagent une forte odeur poivrée et piquante lorsqu’on les froisse (c’est donc dans ces parties qu’est logée l’essence de la plante). Ses surnoms de poivrette et de poivre d’âne (pêbre d’ai, pébré d’aï en provençal) sont là pour nous rappeler cette particularité.

Savez-vous qu’on l’utilise en cuisine ? Il s’agit de l’un des meilleurs correctifs des gibiers faisandés. Elle peut faire partie d’un bouquet garni afin d’aromatiser des plats cuisinés, en particulier ceux à base de viande (civets, etc.). Les plantes aromatiques ne sauraient être reléguées au rang de vulgaires aromates. Le terme « aromate » est faussement trompeur puisqu’il est limitatif sur au moins deux points :

  • Toute plante est aromatique dès lors qu’elle dégage un arôme. Le tilleul est aromatique. La fraise aussi, ainsi que le géranium. On ne saurait donc réduire le terme « aromatique » aux seuls sauge, thym, serpolet, laurier, marjolaine, origan, lavande, hysope
  • Qui dit aromate, dit arôme et donc odeur, parfum. Les plantes aromatiques, outre leurs pouvoirs odoriférants, ne s’arrêtent pas à la seule et simple satisfaction de nos cellules olfactives et de nos papilles gustatives. Ce serait un tort que de le penser.

Il y a donc des rapports plus qu’étroits entres plantes condimentaires d’une part et plantes médicinale d’autre part. Mais tout ceci n’est que le fruit d’un ordonnancement purement humain. Et la prégnance de certaines habitudes peut laisser penser qu’une plante aromatique utilisée en cuisine comme peut l’être la sarriette ou un autre exemple criant à ce titre – le persil –, est forcément dénuée d’actions propres à d’autres domaines. Ce qui est bien entendu faux.

Cazin ne disait-il pas que « cette plante, tout à fait tombée en désuétude sous le rapport de son usage médical, sans doute à cause de son emploi dans l’office culinaire, a des propriétés dont on peut tirer partie » ?

Pline lui-même n’en parlait-il pas comme d’une plante condimentaire et médicinale : « La sarriette se montre diurétique et aide merveilleusement la digestion, tout en donnant de l’appétit, si l’on en prend à jeun dans une boisson ».

Si la sarriette permettait de corriger les gibiers faisandés, c’est qu’elle est dotée de propriétés antitoxiques et antiputrides. Voilà pourquoi les Égyptiens l’utilisaient pour l’embaumement des corps.

Si l’on prend à la fin d’un repas copieux une infusion de sarriette, ça n’est pas que pour le seul délice des sens. C’est surtout parce que la sarriette rend la digestion plus aisée. Voilà pourquoi l’Antiquité en a fait un condiment parfumant légumes, sauces et grillades. 

Il n’y a donc pas là qu’affaire de parfum, encore moins de goût (la sarriette comme ses copines lamiacées n’est pas qu’un vulgaire exhausteur de goût…). Ce n’est donc pas pour rien que cette plante jouit depuis l’Antiquité d’un très grand prestige aux côtés du thym, du serpolet et de l’hysope. Mais, les Anciens, bien plus que nous ne sommes capables de le faire, savaient allier les propriétés médicinales et culinaires de la plupart des plantes.

Condiment des orgies romaines, la sarriette a été propagée en Europe par les moines bénédictins dès le Haut Moyen-Âge, bien que sa culture ait été interdite dans un certain nombre de monastères en raison de sa réputation de plante aphrodisiaque. En effet, son nom latin satureia proviendrait peut-être du mot « satyre »… En tout cas, c’est comme cela qu’on l’appelle depuis au moins douze siècles, c’est sous ce nom qu’elle est inscrite dans le fameux Capitulaire de Villis. Et cette réputation aphrodisiaque ne date pas d’hier non plus puisque le poète latin Ovide y fait déjà référence dans le livre II de L’art d’aimer : « La sarriette attise violemment les feux de l’amour, son nom lui venant des satyres dont on connaît l’ardeur pour les exploits amoureux ».

Dioscoride, et plus tard Paul d’Egine (VII ème siècle ap. J.-C.) lui reconnurent des qualités semblables au thym (ils distinguèrent même la sarriette des montagnes de celle dite des jardins). Ceci dit, ce n’est véritablement qu’au Moyen-Âge que la sarriette pénètre davantage au cœur des officines. Au XI ème siècle, Macer Floridus note la « grande force de chaleur » de la sarriette et la décrit admirablement en alignant nombre de ses propriétés majeures : diurétique, expectorante, antidiarrhéique, emménagogue, aphrodisiaque, antiléthargique.

Un siècle plus tard, Hildegarde attribue à sa Satereia des qualités stimulante, tonique, antispasmodique, stomachique et antirhumatismale. « Plus chaude que froide », dit-elle, elle la prescrit aussi dans les douleurs de la goutte. Au début du XVI ème siècle, Culpeper recommande cette plante aux femmes enceintes pour lesquelles l’alimentation trop riche peut occasionner des désagréments digestifs. Un peu plus tard (1552), Jérôme Bock écrit que « cette plante est si bonne pour l’estomac qu’on l’appelle ‘la sauce aux pauvres gens’ ; les Allemands la mêlent au chou qu’ils font confire au sel et au vinaigre, pour les conserver longtemps ».

En 1765, le médecin allemand Cartheuser affirme que la sarriette est propre à « augmenter et provoquer admirablement les excrétions de toutes espèces. Ce n’est donc pas un des moindres antiscorbutiques, diurétiques, lithontriptiques, carminatifs, stomachiques, pectoraux, utérins et aphrodisiaques ».

Après une très longue période d’oubli, on la rencontre brièvement chez Henri Leclerc au XX ème siècle, et plus largement chez Jean Valnet. C’est lui qui rapporte ce qui est contenu dans les lignes suivantes.
En 1975, des chercheurs de la Faculté de Montpellier ont fait paraître un document intitulé « Place de l’essence de satureia montana dans l’arsenal thérapeutique ». Le but de cette étude était de mettre en évidence et de comparer les actions antibactériennes et antifongiques d’un certain nombre d’huiles essentielles dont la sarriette et le thym sur un ensemble de staphylocoques, de champignons et autres germes infectieux.

Les résultats ont montré une très nette supériorité de la sarriette par rapport aux autres essences utilisées. De plus, elle a agit à des concentrations 2 à 20 fois moins élevées que les autres essences. Dans un seul cas, l’huile essentielle de thym s’est montrée plus efficace que celle de sarriette. Valnet dira : « l’huile essentielle de sarriette a donc une action antimicrobienne et antifongique très nettement supérieure à celles des essences de labiées couramment utilisées en thérapeutique. »